En choisissant de s’éclipser de Roland-Garros au nom de sa “santé mentale”, Naomi Osaka articule ces moments de détresse psychologique auxquels les plus grands athlètes mondiaux ne peuvent forcément échapper.
Et si on assistait à un autre genre de discours ? Le geste radical de Naomi Osaka, qui a choisi de quitter la Porte d’Auteuil lundi soir en raison de son refus catégorique de participer aux conférences de presse, qui a adoré les conversations dans les allées de Roland-Garros. En révélant qu’elle souffre d’épisodes dépressifs depuis près de trois ans, la Japonaise de 23 ans met les mots sur un angle mort du métier d’athlète professionnelle : la santé mentale, à distinguer de la préparation mentale qui accompagne la performance, pure et dur.
Ces derniers mois, notamment en raison du Covid-19 et des bulles sanitaires, plusieurs d’entre eux ont déversé leurs difficultés à trouver un sens au réveil le matin. Des joueurs de tennis comme Dominic Thiem et Gilles Simon ont confié être dans “un trou noir” ou avoir “le moral zéro”. Mais la verbalisation s’est étendue à d’autres sports, comme le footballeur anglais Jesse Lingard ou le cycliste néerlandais Tom Dumoulin.
“Ce que dit Naomi remet en cause la notion de réussite et de bonheur”
« Non, les athlètes ne sont pas des surhommes. On a tendance à les idéaliser et à projeter beaucoup de choses dans leur vie, mais ils peuvent avoir des défauts et des moments compliqués comme tout le monde, explique Mélanie Maillard, psychologue clinicienne et collaboratrice à la Fédération française de tennis. Ce que dit Naomi remet en cause la notion de réussite et de bonheur. Elle a essayé de se soulager de la pression en refusant les conférences de presse pour se maîtriser, mais la pression montait. Le problème est que les athlètes eux-mêmes pensent souvent qu’ils ne devraient pas montrer leurs faiblesses. “
Pour Osaka comme pour Thiem, l’arrivée fulgurante en haut de la piste semble avoir bouleversé leur équilibre intérieur. L’attention médiatique qui en résulte peut alors devenir engourdie et ingérable en cas de doute. À peine quelques secondes après avoir quitté le terrain, s’être libéré, poser des questions conflictuelles alors que vous ne savez pas toujours pourquoi cela a fonctionné ou a mal tourné, l’Osaka «introverti» se sentait incapable de le faire.
Serena Williams voudrait la “câliner”
“Même avec des gens qu’on connaît bien, ce n’est pas facile d’exprimer ses émotions, de dire ce qu’on ressent, a reconnu ce mardi l’Américaine Jennifer Brady, numéro cinq mondiale. J’ai beaucoup de mal à m’ouvrir aux autres. Ce n’est pas le cas. quelque chose que je fais naturellement.” “Les journalistes ne sont pas censés prendre l’attitude d’un psychologue. Mais peut-être qu’ils pourraient être plus empathiques dans la façon dont ils posent des questions”, suggère Mélanie Maillard, qui insiste également sur les dommages psychologiques causés par le Covid-19. .
En tout cas, le circuit féminin a fait preuve d’une énorme solidarité avec le numéro deux mondial, et le sportif le mieux payé au monde. Deux heures après l’explosion – une “issue malheureuse” pour reprendre l’expression de la Fédération française – Serena Williams a eu des propos aimables concernant la Japonaise lundi soir. « J’adorerais la prendre dans mes bras, parce que j’y suis allé aussi. Elle et moi, nous n’avons pas la même personnalité et de toute façon, il n’y a personne qui soit pareil. Je suis ferme, j’ai la peau dure, d’autres ont la peau plus sensible (…) Qu’elle fasse ce qu’elle pense pouvoir faire au mieux de ses capacités. C’est tout ce que je peux dire pour elle. Je pense qu’elle fait de son mieux. “
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Ref. : leparisien.fr