L’assistante de cette ancienne mère risque une peine de trente ans de prison. La première audition ce lundi devant la cour d’assises du Val-de-Marne a montré le portrait d’une femme souffrante qui a avoué avoir des gestes «hyperviolents» envers ce bébé. Une étape difficile pour les parents de la petite fille.
Elle l’avait entre les mains un an avant l’incident, ce bébé à la tête transparente utilisée par le PMI pour prévenir le syndrome du bébé secoué, a fait un stage alors qu’elle était assistante maternelle. Alors pourquoi Aurélie S., 37 ans, ce lundi dans le cercueil des inculpés à la cour d’assises du Val-de-Marne, au tribunal de Créteil? Cette nourrice, mère d’un petit garçon, est jugée après la mort de Rose en 2018 alors qu’elle avait six mois. Une petite fille qu’elle a gardée au total et pendant les cinq mercredis, comme précisé le lundi.
Journée à l’issue de laquelle il est impossible de dire de quelle couleur sont les yeux d’Aurélie: l’accusé gardait la tête baissée, cachée derrière un masque et ses cheveux bruns. Elle doit être entendue mardi prochain sur les chefs d’accusation dont elle est accusée, impliquant des violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Dans le public, une couleur prédomine clairement, c’est le blanc des T-shirts que les membres de la famille du couple et les parents ont habillés. «Pour Rose» est au-dessus d’une photo de la petite fille.
Accablée d’émotion, la mère de Rose quitte la pièce
Ce mercredi 6 juin 2018 à Maisons-Alfort il sera 12h51 quand le bébé aura son dernier repas. On le sait car il y a une vidéo, la seule des trois que la nounou n’envoie pas à ses parents ce jour-là. Et il est 13h47 quand Aurélie S. appelle les pompiers pour leur dire que le bébé est tombé et qu’elle l’a “mal reçu”. En fait, Rose est déjà dans un état désespéré. Aux commandes, une policière de la brigade des mineurs décrit les actions qu’Aurélie S. a imitées en garde à vue dans ce service spécialisé, équipé de poupées lestées de poids différents. Rose a été jetée de force sur sa commode, l’assistante lui a tiré les cheveux et a frappé l’arrière de la tête, entre autres.
Le détail effrayant poussa la mère de Rose hors de la pièce. Et c’est assez rare pour être souligné, la policière du bar fait une fissure discrète. «Elle a admis avoir eu des gestes hyperviolents ce jour-là», a déclaré cette dernière, décrivant l’enquête menée par son département. Sans qu’Aurélie S. puisse les expliquer. Et c’est toute la difficulté. Parce que l’accusé est également présenté comme un «excellent professionnel». Très impliqué, «trop impliqué» même, jusqu’à «envoyer 20 photos par jour à certains parents». Rose était le sixième enfant qu’elle avait en garde à vue.
Ce métier, qu’elle avait choisi comme «mode réparation», vient raconter un chercheur de personnalité au bar. Peut-être après avoir réalisé que «seul son rôle de mère la rendait fière», après une enfance marquée par la maltraitance. «Il a sur-investi sa fonction et n’a pas été réparé lui-même», poursuit le professionnel. Ce mélange des genres, son ancien compagnon, qui la soutient, lui avait fait remarquer. «L’acte est terrible, j’essaie de comprendre», raconte cet homme du bar qui partage la vie d’Aurélie depuis quinze ans, mais désormais aussi «250 chambres visiteurs».
La “ grande colère ” de Rose après le déjeuner aurait fait “ cuisiner ” Aurélie
Pourtant, il y a d’autres témoignages qui soulèvent des questions, dans le cadre de ce procès où, il faut le rappeler, il n’y a qu’une seule partie civile. Comme celle des parents d’un enfant avec un hématome, d’un autre avec une luxation du coude ou encore le résultat de l’autopsie de Rose, qui a révélé une fracture “ semi-récente ” d’une côte, remontant au 30 mai. Jour où le père de Rose a dit que sa fille «devait vomir comme un geyser», le syndrome du bébé secoué. Si elle a reconnu sa responsabilité dans la mort de Rose à l’ouverture du procès, Aurélie S., en revanche, a nié avoir été violente le mercredi précédent.
De plus, elle n’avait “aucun problème” avec Rose ou ses parents. La petite fille «pleurait quand elle avait faim ou dormait, rien que pour ses besoins», se souvient la policière. Le 6 juin, c’est “la grande colère” de Rose après le déjeuner qu’Aurélie S. “cuisinait”. «Elle explique que son corps est devenu comme du béton», poursuit-elle au bar. «Rose a réveillé le monstre en moi», admet-elle à la police.
Lorsque le drame arrive, la nounou explique qu’à l’époque elle souffrait d ‘”insensibilité au bras gauche”. Un problème qui l’avait incitée à se rendre aux urgences la veille, auquel elle avait initialement attribué la “ chute ” de Rose. Une «terreur» et un malaise plus général qui l’avaient amenée à un stade «où les larmes d’une enfant la poussaient à bout», tente d’expliquer un psychologue devant le tribunal. «Nous ne sommes pas face à une personne équilibrée, c’est clair», poursuit-il. Aurélie S. faisait ce métier depuis dix ans.
#nest #pas #face #quelquun #déquilibré #profil #troublant #dAurélie #condamné #pour #mort #Rose #mois
Ref. : leparisien.fr