Procès contre Bygmalion: “Il y en a plusieurs millions, j’ai l’approbation et je signe”, décrit Fabienne Liadzé

Tailleur pantalon impeccable, elle est au bar et la première à répondre sur un ton calme. Puis, au cours d’un long interrogatoire, une voix s’éleva de crises de colère. Avec Fabienne Liadzé, 47 ans, directrice des ressources de l’UMP lors de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, le tribunal de Paris a entamé lundi les auditions d’anciens responsables du parti impliqués dans cette affaire – l’audition de Jérôme Lavrilleux, bras droit. Le patron Jean-François Copé et ancien directeur adjoint de campagne de Nicolas Sarkozy, est attendu jeudi.

L’enjeu à travers cet accusé: comprendre comment le système de fraude qui permettait au candidat du droit de déduire environ 20 millions d’euros de dépenses de son compte de campagne (sur un total de 42,8 millions d’euros) s’articulait entre le parti et la société Bygmalion. Car la juge d’instruction Fabienne Liadzé, licenciée pour faux, abus de confiance, complicité de fraude et financement illégal de la campagne électorale, y aurait joué un rôle clé, notamment en raison de ses fonctions budgétaires. C’est donc elle qui aurait fourni à Event & Cie la liste des accords pour l’établissement de fausses factures. Elle a également paraphé les engagements de dépenses à l’aide de la signature électronique du trésorier.

PODCAST. Bygmalion, UMP et fausses factures: on récapitule l’autre affaire qui hante Nicolas Sarkozy

En l’entendant évoquer la révélation de l’affaire, en 2014, on comprend vite que Fabienne Liadzé, licenciée puis licenciée par l’UMP à la suite de cinq ans de bons et loyaux services, en même temps de toute participation au système de fraude, mais aussi que vous en avez le moins connaissance. «Il y avait un article dans Le Point en février qui parlait de grosses sommes, et pour moi ce n’est pas une découverte; les comptes de l’UMP venaient d’être publiés. C’est différent de celui de Libération, en mai: cela indique que certains événements n’auraient pas existé et là c’est une découverte pour moi. “

“Fabienne Liadzé, peu importe, elle n’est personne!”

DRH par la formation («Ce n’est un secret pour personne que je ne suis pas financière», dit-elle), Fabienne Liadzé n’aurait donc été qu’une «exécuteuse testamentaire» relevant d’une double hiérarchie: administrative au parti et «politiquement» avec l’équipe de le candidat – ou à Jérôme Lavrilleux. Et ceci dans un contexte où «toutes les directions de l’UMP sont au service d’une campagne présidentielle et législative».Note de l’éditeur: par Jérôme Lavrilleux) que vous étiez à la réunion où le système frauduleux a été discuté. Avez-vous transmis des informations sur le système de ventilation? Demande le président. “Je ne sais pas si cette réunion a existé, mais je n’y suis pas allée”, répond-elle. Non, je n’ai envoyé aucune information », souligne-t-elle.

Alors que le président l’interroge sur cette fameuse liste d’accords qui permettaient à Bygmalion d’émettre de fausses factures, Fabienne Liadzé confirme qu’elle n’était pas à l’initiative de cette liste, qui lui aurait été demandée par Franck Attal (qui dit que c’était elle qui l’a fourni). «J’ai été surpris car je ne m’occupe pas des événements. J’appelle Jérôme Lavrilleux. Il me demande de voir avec (deux autres cadres). Le président insiste: «Le problème est qu’ils ne se souviennent pas. »L’ancien collaborateur UMP s’emballe soudainement:« Vous parlez de deux personnes qui font partie de l’équipe Cope! Quand je lis le dossier, je me dis que je suis instrumentalisé. Une ceinture de santé pend autour de l’équipe Copé. Nous ne nous soucions pas du reste. Fabienne Liadzé, peu importe! Elle n’est personne. Elle ne fait pas partie d’une équipe politique, peu importe, et comme elle est une bonne chrétienne, elle pardonnera. “

“Les millions ne sont pas mes affaires”

La diatribe laisse le président indifférent. Caroline Viguier poursuit les engagements auxquels cette liste a donné lieu, certains pour des accords inexistants, d’autres pour des réunions sous-évaluées. Le même jour, par exemple, il y a deux rendez-vous d’une valeur de près de 6 millions d’euros: «Cela ne soulève-t-il pas de questions? Des chèques? Elle demande. «C’est beaucoup de millions, je dessine. J’ai la validation de la hiérarchie politique, le trésorier est informé. Nous savons qu’il y en aura plusieurs millions, nous sommes en campagne présidentielle et législative. Excusez-moi, mais il semble que je ne fais pas mon travail! Je fais mon boulot! Avec d’autres fournisseurs, on me demande de comparer (les coûts). Tout le monde se dit: c’est très cher. Mais là, c’est le prestataire de services de direction. “

Fabienne Liadzé semble parfois piquée à l’idée que son sérieux professionnel est remis en question. Pour mieux le défendre, elle s’accroche étrangement à une série de courriels qui surgissent sur l’écran de la salle d’audience. Il s’agit d’un échange le 8 mars 2012 entre elle et Guillaume Lambert, le directeur de campagne, où il y a une distribution de 21 500 euros à laquelle ils veulent renoncer – la veille, le 7 mars, les comptables de la campagne ont lancé la campagne leur première passer l’alarme. Elle dit: «Écoutez, c’est une équipe sérieuse qui pose des questions. Voir la partition, il y a une attention particulière. Et le message d’avertissement des comptables, l’a-t-elle vu? Lui demande Caroline Viguier. Fabienne Liadzé: «J’ai été informée. J’essaye d’être vigilant dans mon travail, l’e-mail sur les 21 500 euros le montre, mais les millions ne sont pas mes affaires. “