Qualifiés pour le deuxième tour du tournoi de Paris, les deux ont sauvé des apparitions des années 30 d’un tennis tricolore très morose.
Le slogan est bien connu. Chaque année, nous annonçons leur fin. Et elle arrive bientôt. Ils ne le cachent pas eux-mêmes. “Évidemment on s’en approche, mais c’est naturel”, souriait Richard Gasquet il y a quelques jours. Depuis plus de quinze ans, ces quatre trentenaires portent tous les espoirs – et les désespoirs – du tennis français. Mais en attendant de tirer enfin le rideau sur une carrière riche en longévité, en émotions, en blessures et en titres – bien qu’ils n’aient pas de sacre en Grand Chelem – les mousquetaires du 21e siècle ont toujours le couteau bien aiguisé. Si Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon sont déjà sortis du podium, Richard Gasquet et Gaël Monfils se sont qualifiés hier pour le deuxième tour du tournoi de Roland Garros. Les grands-pères résistent et apportent une belle brise fraîche à un tennis snorkeling tricolore.
En début d’après-midi, Gaël Monfils (n°15 grâce à un classement figé en raison de la crise sanitaire), désormais coaché par l’exigeant Gunter Bresnik, a fait exploser la vedette en prenant le meilleur en quatre sets (1-6, 7- 6 , 6-4, 6-4) sur l’expérimenté Espagnol Albert Ramos (n° 38). Une victoire remportée sous un soleil de plomb et dans la douleur mais aussi dans une belle communion avec le public du court Suzanne-Lenglen. Celui qui fêtera ses 35 ans en septembre avait retrouvé une seconde enfance. Un relooking qu’il a tiré de la présence de ses proches – son frère, ses parents et sa fiancée, la tenniswoman Elina Svitolina, qu’il épousera cet été – et d’un public amoureux. “Grâce à leur soutien, j’étais parfois plus détendu, j’étais plus moi-même, je m’amusais plus”, a déclaré Monfils, qui enregistre sa deuxième victoire en un an. J’en ai profité. C’était plus les Gaël Monfils que moi. “
Après le spectacle, le public a eu droit à un choc franco-français et générationnel… à sens unique. Gasquet, qui fêtera ses 35 ans le 18 juin, n’a fait qu’une bouchée (6-1, 6-4, 6-2) de son jeune compatriote Hugo Gaston, la révélation du tournoi de l’automne dernier. Trop souvent handicapé par un corps de verre, hier de Biterrois a retrouvé son dos aussi esthétique qu’efficace et ses jambes de 20 ans… l’âge de sa victime du jour.
“C’est vrai, nous avons presque 35 ans”, assure l’intéressé. Les résultats n’ont pas été exceptionnels depuis le début de l’année, mais, comme je l’ai dit, nous avons tous les quatre gagné plus de 2000 matchs. Il y a eu de bonnes saisons. C’est un peu plus difficile en ce moment, mais j’espère que d’autres joueurs viendront prendre notre place. “
Seuls trois Français au second tour, triste bilan
La mission n’est pas facile. Grâce à Gasquet et Monfils, les résultats de ce premier tour sont pitoyables – c’est en effet la première fois de l’histoire que seuls trois Français franchissent le premier tour du tournoi (ils sont rejoints par Enzo Couacaud, 26 ans) – mais désastreux sans eux, serait catastrophique. “Il y a de la déception, bien sûr, on veut que les Français gagnent leurs matches”, a déclaré Nicolas Escudé, le nouveau DTN du tennis bleu-blanc-rouge. Après, il fallait s’y attendre au vu des derniers résultats en piste. C’est inquiétant car il y a un fossé entre les générations, il faut être patient. “
Patrice Hagelauer, qui était présent dans les tribunes du court Suzanne-Lenglen, “a adoré” voir ses deux anciens protégés gagner. “Ils veulent prouver à tout le monde qu’ils sont toujours là”, a déclaré l’ancien entraîneur de Noah. Ils n’ont pas changé leur jeu, mais ils débordent de jalousie. Je ne suis pas surpris de les voir là-bas, je les connais depuis qu’ils sont cadets. Je connais leur niveau de jeu quand ils ne sont pas gênés par des blessures. Depuis 40 ans nous avons la chance d’avoir régulièrement des joueurs dans le top 10 mondial, ce n’est plus le cas. Il y a de bons juniors mais la piste est importante entre le circuit junior et les pros, les anciens doivent aider les jeunes à progresser. Ce passage de témoin est essentiel. “
Et en prévision de la relève, l’espoir repose toujours sur les épaules – rapiécées – des trentenaires. Ce sera difficile pour Gasquet, qui croise la route au tour suivant d’une vieille connaissance, la trentaine également mais toujours au top, Rafael Nadal. « Les anciens sont toujours là, poursuit Escudé. Il y a le Big3 du tennis mondial (Federer, Nadal et Djokovic) mais nous avons aussi une génération dorée en France. Nous ne le réalisons peut-être pas assez, mais ils ont tiré et tirent toujours la balle de tennis vers le haut. “
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